Il y a peu de temps, un malfaiteur en cavale volait des voitures pour échapper à la police. Sa course folle s'est arrêtée lorsqu'il est tombé par hasard sur le dispositif important de sécurité déployé lors de la visite du Premier Ministre dans la région. Si l'anecdote parait amusante, elle mérite qu'on s'y penche de façon plus approfondie lorsque l'on apprend que le malfaiteur en question était déjà très connu de la police, de la justice et des médias, en ayant été au centre d'une ancienne polémique sur la double peine. Immigré algérien, il a eu six enfants avec une Française. En ayant été condamné à plusieurs reprises auparavant, il aurait du être expulsé de France. Mais il a fait jouer la corde sensible de l'opinion publique, en faisant valoir l'absence d'un père pour ses enfants s'il venait à être expulsé et ses liens forts avec la France. Le Ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy avait pris son cas en exemple pour supprimer la double peine, qui consiste à expulser les immigrés qui commettent des délits en France une fois qu'ils ont purgé leur peine de prison.

Elle a pourtant une justification : chaque immigré est un invité sur le territoire d'un pays dont il n'a pas la nationalité, et à ce titre il se doit d'avoir un comportement exemplaire. A quoi bon venir dans un nouveau pays si c'est pour ne pas en respecter les lois, et mettre à mal la vie de la société. Commettre un délit en étant étranger est donc une circonstance aggravante, vu que la confiance particulière que l'on a faite à l'immigré en le permettant d'être sur notre territoire n'est pas respectée. Comment justifier alors une présence supplémentaire si elle est négative ? C'est d'autant plus choquant dans le cas de récidivistes, comme c'était le cas pour cet homme. Certes, ses enfants grandiront en dehors de la présence paternelle. Mais si c'est pour le retrouver constamment en prison, cela ne change pas grand chose. Quant au lien sentimental avec la France, s'il permet d'y être irrespectueux des lois, alors il n'a aucune valeur. En outre, dans de nombreux pays démocratiques, la double peine est considérée comme parfaitement justifiée pour ces raisons. Il est alors difficile de voir la raison pour laquelle la France devrait se trouver en dehors de ce principe moral.

C'est qu'en fait ce terme même de "double peine" porte mal son nom. Il n'y a qu'une seule peine, celle purgée en prison. L'expulsion, elle, est une mesure de prévention qui devrait être automatique, au moins pour les récidivistes. Elle est le résultat de la rupture de la confiance accordée à l'immigrée, pas plus. Il n'y avait donc pas à reculer dans ce domaine.