Le départ de Michèle Alliot-Marie (64 ans) du gouvernement est l'occasion de remarquer sa longévité aux plus hautes responsabilités. En ayant été ministre près de neuf ans, elle n'est égalée par aucune personnalité politique des trente dernières années. Les mises en avant d'Alain Juppé et de Gérard Longuet (65 ans tous les deux) peuvent difficilement symboliser l'arrivée d'une nouvelle génération aux affaires. Pour la prochaine présidentielle, Nicolas Sarkozy, voulant rester au même poste, devra au moins changer sensiblement d'équipe. Par rapport aux socialistes qui sont tous désespérés d'occuper un maroquin, il aura au moins quelques latitudes : bon nombre de hierarques de la droite ont déjà eu l'occasion d'être récompensés au cours des neuf dernières années. A 56 ans, le Président ne peut plus exactement incarner la jeunesse. Les sexagénaires seront donc forcément peu nombreux à incarner la relève. Des gens comme Patrick Devedjian (66 ans), Françoise de Panafieu (62 ans) ou Chantal Brunel (62 ans) auront des perspectives de carrière limitées. Si Jean-Louis Borloo (59 ans) devait revenir au gouvernement, ce serait nécessairement pour en prendre la tête. Michèle Alliot-Marie n'a probablement plus cet objectif.

Lors de la campagne de 2007, Nicolas Sarkozy avait mis en avant de nouveaux visages tels que Luc Chatel (46 ans) ou Rachida Dati (45 ans). Il devra recommencer en 2012, et cela suppose de mettre autour de cette candidature des personnalités qui n'ont pas encore été trop usées au gouvernement. Les ministres les plus compétents, comme Valérie Pécresse (43 ans) ou François Baroin (45 ans), pourront occuper des postes plus importants à cette occasion. Mais ils pourront être épaulés par d'autres quadragénaires ou même trentenaires. Il y a déjà ceux qui sont secrétaires d'Etat et qui pourraient devenir ministres, à l'instar de Laurent Wauquiez (35 ans), Nora Berra (48 ans) ou Jeannette Bougrab (37 ans). Il y a aussi ceux qui ont déjà été au gouvernement et qui pourront prétendre y retourner : Jean-François Copé (46 ans), Laurent Hénart (42 ans), Yves Jégo (49 ans), Rama Yade (34 ans)...

Il y a surtout ceux qui n'ont jamais été ministres, mais qui ont le poids politique ou l'expertise nécessaire pour y rentrer. Jean-Luc Warsmann (45 ans) est ainsi un président de la commission des lois à l'Assemblée Nationale particulièrement apprécié. Michèle Tabarot (48 ans) est dans les hautes instances de l'UMP depuis pas mal de temps, et est présidente de la commission des affaires culturelles et de l'éducation. David Douillet (42 ans) sera bien ministre des sports un jour ou l'autre. D'autres figures du Parlement comme Valérie Boyer (48 ans), Jérôme Chartier (44 ans) ou Valérie Rosso-Debord (39 ans) pourraient également bénéficier de promotions.

Mais le vivier de nouveaux visages ne se limite pas à l'Assemblée Nationale. La députée européenne Sylvie Goulard (46 ans) ferait ainsi une excellente ministre chargée des affaires européennes. Certes, elle fut élue sur une liste du Modem, mais cette experte des rouages européens n'avait pas d'affiliation politique auparavant. Toujours au Parlement européen, comme les élections de 2009 fut un bon cru pour la droite, il y a forcément de nombreuses personnalités qui peuvent en être issues comme Damien Abad (30 ans) ou Christophe Béchu (36 ans). Enfin, d'anciens candidats qui n'ont pas été élus (par exemple Jean-Claude Beaujour, 46 ans, ou Charlotte Bouvard, 38 ans) peuvent avoir également des profils intéressants.

Évidemment, mettre sur le devant de la scène de nouvelles personnalités ne suffira pas pour la droite, le projet restera in fine bien plus important.