Jeudi et vendredi se tiendra un sommet européen consacré aux questions énergétiques. Une baisse de 20 % des émissions de CO2 (par rapport à 1990) est d'ores et déjà acquise. Par contre il y a débat sur le fait de savoir si cet objectif doit être contraignant. Normalement, tant qu'à prendre une mesure, autant le faire de telle façon à ce qu'on souhaite vraiment la mettre en oeuvre. Mais la France et l'Allemagne s'opposent sur ce point, car pour accepter la contrainte, la France souhaite que l'énergie nucléaire puisse être compté dans les énergies permettant de réduire les émissions de CO2. L'idée étant de marginaliser encore plus les centrales thermiques qui ont des rejets en dioxyde de carbone. Les Allemands préfèrent que toute diminuation des émissions de CO2 se fasse au profit des énergies renouvelables, avec comme objectif d'arriver à 20 % de renouvelable dans les énergies utilisées en 2020. S'il est en effet souhaitable d'augmenter la part des énergies renouvelables de façon importante, il est étrange de la part de l'Allemagne de vouloir avoir une influence sur la politique nucléaire d'autres pays. L'énergie nucléaire a en effet l'atout de ne pas émettre de gaz nocif, et de voir ses déchets controlés. C'est en fait le résultat de l'influence des Verts allemands, qui à l'instar de ceux français, veulent mettre un tabou sur cette source d'énergie. La première priorité doit pourtant être de diminuer les émissions de CO2. La coalition rouge/verte de Gerhard Schröder et de Joschka Fischer avait décidé de l'abandon du nucléaire en ayant l'intention de le remplacer par les énergies renouvelables. Faire monter en puissance ces énergies est une bonne chose, mais pourquoi le faire au détriment du nucléaire, alors que l'Allemagne produit à 40 % son électricité à partir de centrales thermiques consommant du pétrole, et à plus de 20 % du charbon, combustibles qui émettent beaucoup de CO2 ? Au vu de ces chiffres, la France n'a pas à rougir à produire 80 % de son électricité à base d'énergie nucléaire.

Le fait est que mettre en place ses énergies renouvelables prend du temps et n'est pas forcément simple, ou peu couteux. Si pour la France, le nucléaire doit permettre de faire la liaison le temps qu'il faudra, il ne faut pas moins avoir une forte volonté politique pour cette mise en place. En outre, le nucléaire n'est pas une solution pour l'ensemble des consommations d'énergies, une bonne partie des transports ne pouvant difficilement fonctionner avec la seule électricité. Les biocarburants sont alors indiqués, et pour notre surproduction agricole, un tel débouché est intéressant. Là aussi, l'Union Européenne peut agir, en se servant de la PAC pour orienter la filière agricole à écouler une partie de sa production vers la fabrication de bioéthanol. Les cours du maïs et du blé augmentent déjà du fait de l'augmentation de la production de biocarburant aux Etats-Unis. Peut être faudrait-il aussi veiller à ce que les productions agricoles choisies n'aient pas de défauts vis-à-vis de l'environnement, le maïs par exemple demandant beaucoup d'eau, ce qui est peu recommandé par nos temps de sécheresse périodique.

Et autre motif d'espoir, même la Chine commence à se soucier des enjeux de développement durable. Certes de façon modeste, en voulant mettre des normes contraignantes aux émissions de gaz nocifs, alors que les émissions chinoises de CO2 ne cessent d'augmenter du fait de l'outrageuse croissance économique du pays. Mais le pouvoir chinois indique déjà que le soucis est présent, et ce n'était pas forcément gagné d'avance. Pour le coup, si les pays occidentaux trouvent des moyens d'assurer la croissance sans qu'il y ait croissance de la pollution, il ne faudra pas qu'ils hésitent à faire le transfert de ces technologies là.