Le communautarisme est clairement un facteur de division au sein de nos sociétés. En séparant les personnes en fonction de critères ethniques, on empêche la réalisation d'une cohésion entre tous, et fait prédominer les intérêts particuliers plutôt que la recherche de l'intérêt général. C'est la raison pour laquelle chacun doit n'être considéré qu'en tant que citoyen, et non en tant qu'originaire de telle ou telle origine. Dès lors, la discrimination positive apparait comme inopportune. Tout du moins dans la forme qu'elle a aux Etats-Unis. Là bas, il s'agit de laisser des places dans certaines entreprises ou services aux personnes minoritaires en termes ethniques, avec comme population visée les noirs, qui sont proportionnellement moins représentés dans les élites ou même les classes moyennes que les blancs. Aux Etats-Unis, la population est statistiquement distribué entre les caucasiens, les afro-américains, les latinos, les asiatiques, les amérindiens, etc. Ceux qui sont sous-représentés à un certain niveau se soient réservés des places, via des quotas, comme dans les universités où un effort de recrutement particulier est fait vis-à-vis des afro-américains qui auraient plus de difficultés à y rentrer selon les critères traditionnels, du fait de leurs origines souvent plus modestes qui leur donnent moins de chance d'ascension sociale, car la reproduction sociale existe là-bas comme ici. Un tel principe est difficilement applicable en France : la République reconnaît chacun de ses enfants comme égaux, et refuses toute discrimination, positive comme négative, car une fois la nationalité française acquise il n'est plus question d'ethnie. Tout le monde est Français et tous sont égaux en droits, un point c'est tout. En outre, on peut toujours se poser la question du mérite de ceux qui bénéficient d'un tel système, car cela laisserait un soupçon sur la légitimité de la place trouvée ou du diplôme acquis.

La discrimination positive est donc un concept fâcheux en France. Et pourtant Nicolas Sarkozy ose prononcer le mot en France lors de sa campagne présidentielle. Il y a pourtant une différence : la discrimination positive qu'il prône se fait en fonction d'autres critères que ceux de l'ethnie. Dans son discours de Périgueux du 12 octobre 2006, il explique : "Pour compenser la discrimination négative il faut de la discrimination positive. Je propose un volontarisme républicain qui passe du discours aux actes. Je ne veux pas faire une discrimination positive sur des critères ethniques qui serait la négation de la République. Mais je veux que sur la base de critères économiques, sociaux, éducatifs, on mette tous les moyens nécessaires pour combler des écarts qui sont devenus insupportables et qui mettent en péril la cohésion nationale." Des critères économiques, sociaux et éducatifs, voilà sur quoi serait fait une distinction, et des efforts supplémentaires seraient faits pour ceux qui sont les plus défavorisés en fonction de ces critères. Nulle mention d'ethnie, d'origine ou de couleur de peau. Il s'agit en fin de compte que de redonner des chances supplémentaires à ceux qui n'ont presques pas à l'origine, et par une action volontaire, amoindrir l'inégalité des chances criante qui existe entre les différents Français.

C'est donc bien une certaine équité qu'il s'agit d'améliorer via ce travail sur une égalité plus réelle des chances. Et toute distinction sur les ethnies ou d'autres critères est et doit rester en dehors du débat. S'il n'y a qu'un peuple français, il y a des inégalités entre ses citoyens qu'il faut corriger. Ces efforts doivent être faits au plus tôt, dès la jeunesse, et dans les territoires défavorisés, pour que ce soit dès la naissance que les espoirs d'ascension sociale soient améliorés.