Dans la journée d'hier, un homme de 32 ans est contrôlé à la gare du Nord, dans l'espace entre les lignes de métro et de RER. Il n'est pas en règle, et agresse les controlleurs. Ceux-ci, appelant des renforts, le maîtrise fermement. Des passant de tous âges et de toutes origines observent la fin de la scène, et s'émeuvent contre la violence faite à l'homme, sans savoir ce qui y a mené. Dans l'agitation, des personnes commencent à agir de façon violente, en dégradant le matériel, en provoquant les forces de police qui arrivent en nombre et en agressant les voyageurs. Très vite, la scène se tranforme en ce qui est qualifié par les agences de presse d'émeutes, et l'occasion fait sortir de la foule tous les délinquants qui s'y fondent, ceux-ci se couvrant parfois de capuches, d'écharpes pour cacher leur visage, ou bien restent à visage découvert, étant sûrs de leur impunité, n'hésitant pas à piller des magasins, ce qui montre le peu de rapport entre la violence utilisée et le mécontentement initial. De leurs faits le chaos s'installe. De nombreux spectateurs y assistent médusés, et témoignent aujourd'hui dans la presse. Ils y accusent la police d'être trop violente, ou de n'avoir rien fait. Les CRS présents ont reçu la consigne de ne pas charger. Comme souvent dans ce type de manifestations violentes, les malfaiteurs sont prompts à se fondre à nouveau dans la foule et à se faire passer pour d'innocentes victimes. Et le risque est réel pour les forces de l'ordre de toucher une vraie personne innocente qui passe par là, ou bien de créer un mouvement de panique. En conséquence, les innocents sont laissés à leur sort face aux délinquants. Seule une douzaine d'entre eux seront d'ailleurs interpellés.

Le fait en rappelle beaucoup d'autres, comme les violences urbaines de l'automne 2005, et l'intervention de bandes violentes lors des manifestations étudiantes contre le CPE. A chaque fois, c'est le même type de personnes qui causent le trouble. Des délinquants qui sont fiers de venir de zones de non droit, et qui en conséquence haïssent la communauté. Ils n'ont aucune pensée politique : lors des émeutes de 2005, on a vu beaucoup de sociologues venir tenter d'expliquer le comportement de ces personnes, de façon plus ou moins convaincante. Mais les premiers concernés n'avaient aucune justification, si ce n'est le goût pour la violence. Un article de Libération.fr d'aujourd'hui nous procure le témoignage d'un "jeune lycéen de passage", ce matin, à la gare du Nord : «Hier, j’étais là. Moi, j’ai participé à la bataille parce que les contrôleurs et les flics prennent trop la confiance. J’ai suivi le mouvement, et je n’ai pas trop cherché à comprendre pourquoi.» Cela ne va jamais chercher plus loin.

Tous ceux qui avaient été arrêtés lors des émeutes de 2005 n'avait rien à dire pendant leur procès pour se défendre, si ce n'est que d'essayer de dire qu'ils n'avaient rien fait, qu'ils étaient venus juste pour regarder. Pas de revendication politique, ou même philosophique. Ce n'est donc ni mai 68, ni la révolution. C'est en fait la réaction de délinquants qui n'aiment pas le fait qu'on leur impose le respect de règles de vie en communauté. "Les flics prennent trop la confiance" se disent-ils, lorsque les forces policières viennent mettre à mal leurs activités illégales.

Il y a un autre problème actuellement, c'est que les délinquants semblent réussir à gagner la sympathie d'une partie de la population qui voient dans leurs méfaits un message, ou bien les considère comme des innocents injustement accusés lorsqu'ils sont arrêtés. Toujours le complexe de Jean Valjean. Il est incroyable aujourd'hui de voir plus d'interrogations sur le rôle qu'ont les policiers ces temps-ci que de condamnation vis-à-vis des malfaiteurs qui ont agit hier. Une partie de l'opinion voit des bavures partout, sans voir les délits. Cela légitime de fait le comportement de ceux qui agissent contre la société. La mort de deux adolescents en novembre 2005 a été considérée comme une bavure policière, dans le sens où les policiers n'ont pas mis tout ce qu'elles auraient pu mettre en oeuvre pour les sauver. Ils sont donc devenus des espèces de martyres commémorés, sans que personne ne s'atarde sur le fait qu'ils fuyaient bien les forces de police après avoir commis un cambriolage dans un local de chantier, comme l'a montré le rapport de l'IGS, et qu'ils se cachaient précisément d'elles en allant jusqu'à s'introduire dans un transformateur électrique, alors que le danger potentiel était clairement signalé. Celui des trois qui a survécu a d'ailleurs été arrêté quelques mois plus tard pour sa participation à de nouvelles violences.

Dans notre société, ce sont bien les policiers qui disposent de la force publique. Les bandes délinquantes ne reculent devant rien aujourd'hui pour préserver leur domination de territoires par la peur et la violence. Elles doivent être combattues, plutôt qu'acceptées. Et au moins faut-il accorder plus de crédits aux fonctionnaires, qui risquent leur vie tous les jours, qui tentent difficilement de ramener l'ordre sans faire de bavure en essayant de trouver le bon équilibre, qu'aux délinquants qui nous agresse collectivement.

Photo : Guillot/AFP